L’EROC (Engin Remorqué d’Observation des Chaluts) : 35 ans d’histoire à l’Ifremer

A l’Ifremer depuis 1988, l’EROC est un système sous-marin télé-opéré et remorqué par un navire de pêche. Il est conçu et instrumenté pour permettre aux chercheurs, ingénieurs et techniciens halieutes, l’observation par vidéo des engins de pêche tractés en conditions réelles d’utilisation. Déployé sur de nombreuses campagnes au fil des ans, il est toujours en service et a été utilisé en septembre dernier, lors d’une mission sur Thalassa.   

Une collaboration Ifremerienne

L’EROC est le résultat d’une coopération de longue date entre les équipes brestoise et lorientaise de l’Ifremer, le système étant aujourd’hui opéré par le laboratoire Technologie biologie halieutique (LTBH) de la station de Lorient avec le soutien de l’unité Recherches et développements technologiques (RDT) du centre Bretagne pour les développements et les maintenances lourdes du système.

Depuis son entrée en service en 1988, l’EROC évolue et suit les différentes avancées technologiques. Acheté initialement à un industriel, une première refonte est réalisée en 1994 et permet de fiabiliser le système d’origine en remplaçant intégralement l’électronique et le logiciel ainsi qu’en modifiant en profondeur la mécanique. En 2010, une deuxième refonte est initiée et l’électronique est de nouveau en grande partie remplacée permettant, entre autre, de disposer d’une transmission fond / surface par fibres optiques, d’interfaces logicielles plus ergonomiques et de capteurs plus performants. Depuis son achat, l’ensemble des développements électroniques, électrotechniques, logiciels et mécaniques ont été intégralement réalisés par les agents du service d’Ingénierie et instrumentation marine (SIIM) et du LTBH.

Un ROV pas comme les autres

Composé d’un véhicule tracté, d’un câble électro-porteur de 1000 mètres, d’un treuil et d’une interface de pilotage, l’EROC peut plonger jusqu’à une immersion de 300 mètres. Il dispose d’une propulsion peu commune avec ses rotors à effet Magnus. Ces derniers, de forme cylindrique, lui permettent de se déplacer horizontalement et verticalement lors des plongées avec une grande stabilité et précision.

La navigation est opérée depuis la surface grâce à un pupitre de commande et une interface logicielle sur écran tactile intégrés dans un conteneur 10 pieds. Le pilote dispose des commandes permettant la gestion de la propulsion, l’orientation de la caméra principale, le virage/filage du treuil ainsi que le contrôle de l’ensemble des équipements annexes (sondeur, projecteurs leds, caméra secondaire…). Il visualise en temps réel les images du fond qui sont enregistrées numériquement.

Une équipe de deux personnes minimum est nécessaire pour l’opérer lors des missions à la mer.

L'équipe EROC : Jean-Philippe Vacherot (LTBH) : pilote ; Julien Simon (LTBH) : pilote et développement ; Jean-Yves Coail (SIIM) : développement électronique ; Tanguy Bescond (SIIM) : développement électronique et logiciel.

Didier Le Roy, chef de la mission Essais techniques SIH 2023 :

« Dans le cadre du groupe international IBTS (International Bottom Trawl Survey), il y a un projet d'évolution du chalut utilisé pour les campagnes halieutiques. Les objectifs de la campagne d'essai étaient de mettre en œuvre ce nouveau chalut, afin de valider son usage avec des panneaux différents et aussi de comparer qualitativement les individus capturés, par rapport au chalut actuellement utilisé.

Nous avons instrumenté ce chalut avec des capteurs pour caractériser son comportement (capteurs de contact sur le fond, capteur de tension sur les câbles, et courantomètre sur la carde de dos (partie haute du chalut). Ces données permettront à l'équipe du laboratoire Technologie biologie halieutique (LTBH) d'avoir des valeurs de base pour réaliser par la suite des simulations avec le logiciel DynamiT.

L’objectif, lors des déploiements de l'EROC, était de voir le comportement de l'ensemble du chalut en action de pêche, et notamment de s’assurer que le contact du bourrelet sur le fond avait une action équivalente au chalut actuellement utilisé. L'EROC nous a aussi permis de vérifier que l'ensemble du chalut était équilibré et qu'il n'y avait pas de flottement ou de tension sur certaines parties du filet. Nous avons également observé le comportement des panneaux et de leurs gréements qui permettent d'ouvrir le chalut.

Dès les premières images, nous avons constaté que le bourrelet n'avait pas un contact suffisant sur le fond et nous avons donc pu faire les ajustements nécessaires. Des collègues irlandais à bord ont été "bluffé" par la qualité des images et des constats que nous pouvions faire avec l'EROC sur un chalut en action. » 

Rédacteurs : Tanguy Bescond et Didier Le Roy