A la découverte de SOLESS

SOLESS est une station de mesures pour les fond sédimentaires, et plus précisément pour les premiers centimètres de sédiment à des profondeurs pouvant aller jusqu’à 4000 mètres. Développée par l’unité Recherches et Développements Technologiques (RDT), SOLESS a été testée avec succès en rade de Brest en octobre dernier. Fin janvier, elle va de nouveau subir des essais au bassin du centre Ifremer Bretagne, avant d’être déployée pour la première fois en juin prochain en baie de Concarneau, dans le cadre de la mission SYPOCO. Elle pourrait également accompagner la campagne GHASS 2 en 2019. 

Une image « chimique » des premiers centimètres de sédiment

SOLESS[1] est une station benthique autonome, développée afin d’étudier les processus à l’interface eau-sédiments et de mesurer des zones très précises : tapis bactérien, pockmarks, habitats à espèces chimiosynthétiques...

Modulaire, elle est équipée de capteurs scientifiques  (oxygène, turbidité, température, pression, conductivité), de caméras et de projecteurs, et d’un micro-profileur de sédiment sur une plate-forme mobile. Ses huit électrodes en verre très fines, dont la pointe fait environ 50 microns de diamètre, vont s’enfoncer dans le sédiment, sur 10 cm environ, pour réaliser des séries de profils d’oxygène, de pH et de sulfure, sur une surface étendue. En effet, alors qu’auparavant on obtenait ce type de mesures sur un seul point, le micro-profileur va se déplacer latéralement grâce à un rail d’un peu plus d’un mètre de long. Cela va permettre d’étudier les variations, très importantes dans les fonds sédimentaires, et d’obtenir ainsi une véritable image « chimique » du milieu étudié.

SOLESS est également équipée du COSTOF2, un automate électronique faible consommation développé par RDT pour les observatoires autonomes, qui permet de contrôler tous les capteurs, de cadencer les mesures, de récupérer et stocker les données et les vidéos. Il est possible de communiquer avec COSTOF2 via le ROV pour sa programmation ou la récupération des données.

La station peut être déployée à partir de navires côtiers et déplacée au fond à l’aide de plongeurs, ou de navires hauturiers et positionnée finement à l’aide du ROV Victor 6000. Ses dimensions : 2m x 2 m x 2,4m, pour un poids dans l’air de 1200 kg. Un système télécommandé de largage acoustique permet à SOLESS de remonter à la surface. Même si elle est plutôt destinée à des utilisations de quelques jours, la station peut être récupérée jusqu’à un an plus tard, par un navire scientifique ou d’opportunité.

La campagne SYPOCO pour étudier le lien entre les fluides, le sédiment et les pockmarks en surface

En juin prochain, SOLESS sera embarquée à bord du navire Thalia dans le cadre de la mission scientifique SYPOCO. Cette campagne vise à étudier la géométrie du système sédimentaire qui comble la baie de Concarneau et les pockmarks associés qui s’y forment. Les pockmarks sont des cratères sous-marins produits par l'émission de méthane vers la surface, de 2 à 30 mètres de diamètre dans la zone de Concarneau. On en dénombre jusqu’à plusieurs milliers au km2  dans la baie de Concarneau, ce qui constitue le plus grand champ connu de pockmarks d’Europe. De nouveaux apparaissent chaque année, et l’objectif est d’étudier leur formation et de réaliser des bilans méthane. SOLESS sera posée au fond sur un pockmark et récupéré après une trentaine d’heures. Elle va permettre d’étudier ce qui se passe dans un pockmark, de faire des mesures fines de l’utilisation de l’oxygène dans les sédiments par les bactéries ou les processus chimiques, et de quantifier la production de sulfures liée à la remontée de méthane.

Une chambre benthique pour mesurer le méthane : SOLESS est équipée d’une deuxième plate-forme mobile qui pourra recevoir une chambre benthique, qui sera développée par RDT (projet Chicago). Sorte de cloche enfoncée dans le sédiment, elle va isoler un volume d’eau et permettra de mesurer la consommation d’oxygène par les organismes emprisonnés (bactéries, vers, coquillages,…). Reliée à un capteur de méthane, l’accumulation de méthane dissous sera également mesurée. SOLESS, équipée de la chambre benthique, pourrait être déployée en mer Noire lors de la campagne GHASS 2 en 2019.

[1] Système d’Observation Long terme pour Environnements Sédimentaires chimioSynthétique